En France, près de 9,3 millions de personnes apportent une aide régulière à un proche en perte d’autonomie, qu’il s’agisse d’une personne âgée, malade ou en situation de handicap. Si l’image classique de l’aidant est celle d’une personne de plus de 50 ans, une catégorie demeure encore largement méconnue : les jeunes aidants, ces adolescents et jeunes adultes qui assument des responsabilités souvent lourdes auprès d’un proche.
Qui sont les jeunes aidants ?
Selon une étude récente menée par le Crédoc et la Macif, on estime qu’entre 700 000 et 1 million de jeunes âgés de 16 à 25 ans en France sont aidants ou co-aidants. Contrairement aux idées reçues, leur rôle ne se limite pas à un simple soutien émotionnel : ils participent activement à l’entretien du domicile, à la réalisation de soins, au suivi médical ou encore à l’aide à la mobilité.
Les raisons qui les poussent à endosser ce rôle sont variées :
- 62 % aident un proche en raison de l’âge,
- 50 % accompagnent une personne atteinte d’un handicap physique,
- 38 % s’occupent d’un proche ayant des troubles psychologiques ou psychiatriques,
- 34 % sont confrontés à une maladie grave au sein de leur famille.
Un quart de ces jeunes consacrent plusieurs heures par jour à cette aide, souvent au détriment de leurs études, de leur vie sociale et de leur bien-être personnel.
Un impact sur la santé et la vie sociale
Si 42 % des jeunes aidants perçoivent leur engagement comme un moyen de renforcer leurs liens avec la personne aidée, les conséquences sur leur santé physique et mentale sont préoccupantes :
- 49 % ressentent une fatigue physique intense,
- 42 % souffrent de troubles du sommeil,
- 40 % connaissent des variations de poids significatives,
- 33 % ont déjà ressenti un épuisement extrême,
- 27 % se sentent isolés.
Cette charge mentale et émotionnelle impacte également leur parcours scolaire et professionnel : un jeune aidant sur quatre a dû modifier ses ambitions d’orientation ou adapter son rythme d’études. Certains abandonnent même leurs études pour se consacrer entièrement à leur rôle d’aidant.
Des solutions pour mieux accompagner les aidants
Malgré ces défis, les jeunes aidants restent souvent invisibles aux yeux de la société et des pouvoirs publics. Pourtant, 61 % d’entre eux ressentent une gêne à parler de leur situation et manquent cruellement de soutien.
Plusieurs mesures pourraient améliorer leur quotidien :
- Un meilleur accompagnement des jeunes aidants via des structures de répit et un soutien psychologique,
- Une adaptation des rythmes scolaires et des examens pour leur permettre de concilier aidance et études,
- Une reconnaissance officielle de leur statut, leur donnant accès à des droits et des aides spécifiques.
La Stratégie nationale de mobilisation et de soutien en faveur des aidants, lancée en 2019, inclut déjà une priorité dédiée aux jeunes aidants, mais celle-ci reste encore insuffisamment développée.
Pour en savoir plus
Un guide complet sur l’identification et l’accompagnement des jeunes aidants est disponible en téléchargement ici : Guide Repérer les jeunes aidants pour mieux les accompagner.
Il est essentiel de briser le tabou et de donner une voix à ces jeunes qui, trop souvent, sacrifient leur jeunesse pour le bien-être d’un proche. Leur engagement mérite d’être reconnu et soutenu.